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    Cher patron

     

    Cher patron

     

    Cher patron

     

    Voilà une lettre interessante, qui donne quelques indications sur le travail au moulin. Cette lettre est datée du 1er aout, l'année n'est pas précisée, mais plusieurs éléments permettent de proposer la date de 1890 : le salaire d'une journée de travail, le nombre d' heures de travail par jour, et cette indication contenue dans la missive : « comme vous êtes seul ». A cette époque, Antoine, le fils ainé, était militaire, et Louis, le deuxième fils, était âgé de 17 ans seulement.

     

    Reverdy habite de l'autre côté du Rhône, dans le Dauphiné, à une soixantaine de km de Limonne. 

    Cher patron

     

    Reverdy a été malade et commence juste à se rétablir. Les conditions de travail au moulin sont pénibles à cause de la poussière, et Reverdy, pour préserver sa santé, ne veut plus moudre dans cet environnement. Toutefois, comme c'est quelqu' un de serviable, il propose de « finir les rayons et rabiller les meules. » En effet, les meules ne sont pas lisses, comme celles qui sont la plupart du temps exposées en décoration, usées par l' érosion. Elles présentent des stries, ou rayons, qui permettent le broyage des grains, et l'évacuation de la mouture. Mais ces rayons s'émoussent et il convient de les re-creuser régulièrement : c'est l'opération de rhabillage des meules, qui s'effectue deux fois dans l'année à Limonne. La meule tournante (ou courante) est soulevée, à l'aide d'une potence, pour dégager la gisante (ou dormante.).La remise en état des rayons est un travail délicat qui s'effectue à l' aide d'outils spéciaux. La remise en place de la tournante est aussi une affaire d'expert .Ce travail était effectué par des spécialistes ou par le meunier lui même.

    Cet été, le travail de rhabillage a commencé, et Reverdy fait une estimation du temps nécessaire pour le terminer : 7 journées de 10 heures. Reverdy, conciliant, propose de terminer le rhabillage, et de venir ensuite deux fois par an pour effectuer cette besogne, mais , il le répète, pas question de moudre. Dans le cas contraire, il demande au patron d'avoir la bonté de lui renvoyer sa valise, et ses lunettes. Reverdy termine par un message d'amitié.

    Il est question de deux moulins. Etienne a hérité de pas mal de biens, alors pourquoi pas deux moulins ? A cette époque, les moulins étaient nombreux au bord des rivières.

     

     


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  • Lettre au colonel

    Lettre au colonel 

    Cette lettre est adressée au colonel commandant du 2ème régiment d' artillerie de Valence. Etienne sollicite une permision d ' un mois pour son fils afin « de pouvoir maintenir la culture … et de faire la fenaison qui se prépare pour les premiers jours de juin ». Cette lettre est signée par Etienne, et est écrite par le maire Mousset, qui rajoute un paragraphe d'authentification, tamponné par la mairie. Le fils est prénommé officiellement Antoine Etienne, mais le prénom de la demande est Etienne, sûrement le prénom usuel.

    Etienne père, âgé de 64 ans, est à la fois meunier et cultivateur. C' est certainement un homme fatigué, et l' aide de son fils lui fait cruellement défaut. Certes, le plus jeune fils, Louis, est mis à contribution, mais il n'a que 17 ans. Louis a été rajeuni de 2 ans dans le courrier. Malgré la pertinence de ces arguments, il n'est fait mention d'aucune permission dans le registre militaire d' Antoine Etienne 

    Lettre au colonel

    Lettre au colonel 

    Antoine mesure 1,71 mètres, ce qui est la moyenne pour l'époque.

    Son niveau d' instruction est 1,2,3 :

    la circulaire du 23 novembre 1872 qui définit les niveaux d'instruction donne :

    • 0 : ne sait ni lire ni écrire 

    • 1 : sait lire seulement 

    • 2 : sait lire et écrire 

    • 3 : possède une instruction primaire plus développée 

    • 4 : a obtenu le brevet de l’enseignement primaire 

    • 5 : bachelier, licencié, etc. (avec indication de diplôme)

    Antoine Etienne a passé deux ans sous les drapaux, de novembre 1889 à novembre 1891. Deux saisons difficiles pour sa famille et, peut être pour lui, aucun courrier personnel rédigé par les Paret n' a été retouvé.

     

     

     


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  • Nous approchons de la fin de XIX siècle, la vie s'écoule au moulin, avec son lot de prêts, de quittances, de procès.

    Cet article s'arrêtera à l'année 1889, car à partir de 1890, le nom de Fanny apparait dans les actes : c' est une révolution des mœurs, qui mérite bien un temps d'arrêt. 

    10 Aout 1876

    Prêts et affaires diverses 

    Jean Baptiste Rondet du lieu dit le Curtil , à St Appolinard a reçu d'E. Paret 86 F pour la vente d'un châtaigner pour une chaussée du moulin de Limonne.

    La chaussée est un barrage, comme on peut le voir sur  croquis, extrait d'un site consacré aux moulins http://www.riverainsdefrance.org/uploads/docs/Moulins_a_eau.pdf

     

    Prêts et affaires diverses

     

    27 juin 1880

    Prêts et affaires diverses

     

    Jean Caillet de St Appolinard a reçu d'Etienne Paret de Limonne 600F montant d'un billet souscrit il y a environ 7 ans, et égaré. Si le billet est retrouvé, il sera tenu pour nul.

     

    8 janvier 1882

    Prêts et affaires diverses

    Dans un an Etienne Paret de Limonne payera à Mlle Marie Bourget, sa nièce, propriétaire cultivatrice à Choret (La Chorée), commune de Maclas, 1100 francs qu'il lui emprunte + l 'intérêt au taux annuel de 4,5% l'an.

    Marie est la fille de Barthélémy Bourget et de Marie Paret, sœur d' Etienne. Nous avons déjà eu l' occasion de rencontrer Barthélémy Bourget, au cours de la transmission de l'héritage d'Etienne père. Il agissait alors au nom de ses enfants, mineurs. Maintenant, Marie a 24 ans et gère elle même ses affaires.

     

    Année 1887

    Prêts et affaires diverses

    Prêts et affaires diverses

    Patente pour l'exploitation du moulin. La patente est un impôt direct, créé en 1791, remaniée plusieurs fois, avant d' être supprimée et remplacée par la taxe professionnelle en 1975, elle même supprimée et remplacée par la contribution économique territoriale en 2010.

      

    25 mai 1887

    Prêts et affaires diverses

    Dans un an Etienne Paret de Limonne payera à Joanny Magnard, propriétaire cultivateur à Brossainc (Ardèche), 800 francs qu'il lui emprunte + l’intérêt au taux annuel de 4,5% l'an.

    Brossainc est situé à 3 km de Limonne.

     

    23 juillet 1887

    Prêts et affaires diverses

    5,59 francs à payer au percepteur pour vérification des poids et mesures. Il s'agit surement de la bascule.

    Un petit mot, pas très aimable, a été rajouté à la main par le percepteur, visiblement pressé de collecter la somme.

     

     


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  • Après le décès de leur père, Etienne et son frère Antoine vont faire quelques affaires ensemble. Ils n'habitent pas très loin l'un de l'autre : Etienne est à Limonne, Antoine au lieu dit « chez le Buis » .

    Deux frères

     

    Deux frères

    Le 25 avril 1875, Etienne, qui vient de régler la succession, emprunte 1000F à Antoine, au taux de 4,5 %, qu'il s'engage à rembourser dans un an.

    Quelques jours plus tard, le 3 mai 1875, les deux frères signent un acte de vente

    Deux frères

    Deux frères

    Deux frères

    Deux frères

    Deux frères

    Deux frères

    Deux frères

    Le notaire est Auguste Veyre, celui chez qui a été passé l'acte de cession en 1872, et certainement le fils de Claude Christophe Veyre, le précédent notaire.

    Antoine vend 2 prés situés à proximité du moulin : le Pré de la Croix, et le pré du Biel.

    Les témoins sont Louis Billot, receveur, et Joseph Billot, commis négociant. L'acte est signé Filliol.

     

    Deux frères

      

    Cet acte me pose un problème : Antoine dit avoir « recueilli » les prés dans la succession de son père décédé. Soit ! Mais dans l'acte de cession du 18 novembre 1872, il cédait tous les biens reçus en héritage à son frère Etienne. Alors, d' où viennent ces prés ? Je n'ai pas la réponse, et je serais soulagée si quelqu'un pouvait élucider ce mystère. Une proposition, malgré tout : Etienne père en aurait fait don à Antoine, pour son mariage, à titre de préciput. Je n'ai pas le contrat de mariage d'Antoine, et il n'aurait aucune raison d'être à Limonne, mais pourquoi pas, les Paret conservaient volontiers quelques actes qui ne les concernaient pas directement. Il reste encore des archives en vrac dans un carton, alors , qui sait ? 

     

    5 jours plus tard, le 8 mai, Etienne emprunte encore de l'argent à Antoine.

    Deux frères

    Ce billet est un copie-coller de celui du 25 avril. Seule le somme a changé : cette fois, Etienne emprunte 2000 francs.

     

    La lecture des actes de ces dernières décennies devient nettement plus aisé : les documents sont rédigés d'une façon très claire, d'une belle écriture, avec des majuscules, de la ponctuation, sans les multiples « ledit », et répétitions des actes d' antan, les témoins savent signer.

    La république s'est installée d'une façon pérenne, et parfois cruelle, avec la répression de la commune de Paris.

    La société évolue...  Les moulins connaissent leur heure de gloire, avec plus de 100000 installés sur tout le territoire. Quelle évolution pour eux, et pour la famille Paret? A suivre...


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  • Le 15 septembre 1872, Etienne décède, à l'âge de 68 ans. Sa femme, Jeanne Guinot, lui survit 4 ans, et s'éteind à l'âge respectable pour l' époque de 81 ans.

    Ils ont eu 6 enfants, mais seuls 3 sont encore en vie :

    • Antoine Etienne, né en 1820, et reconnu par Etienne lors de son mariage avec Jeanne, le 23 septembre 1825. Marié avec Marie Rose Gaillard, il est cultivateur propriétaire à Maclas.

    • Etienne, né le 26 mars 1826, marié avec Fanny Barge.

    • Jean-Claude, né le 26 mai 1831, propriétaire au lieu -dit « Chez Paret », à Veranne.

    Leur seule fille, Marie Louise, appelée aussi Louise, est née en 1828, s' est mariée en 1854 avec Barthélémy Bourget, cultivateur propriétaire à Thoré, un lieu-dit de Maclas, et est décédée en 1865.

     

    Etienne et Fanny reprennent l'affaire familiale, et , comme leurs prédécesseurs dans le moulin, garderons de précieux documents qui nous permettent de marcher dans leurs traces.

    Cession de droits

    Le 1er document est daté du 18 novembre 1872, et concerne la succession d'Etienne père, décédé 2 mois avant. Il a été rédigé par Veyre, le notaire de la famille, à Maclas.

     

    Cession de droits

     

    Devant le notaire comparaissent Antoine Paret, Jean-Claude Paret, et leur beau frère Barthélémy Bourget, agissant au nom de ses trois enfants mineurs. Ils vont signer un acte de cession de leurs droits à l'héritage de leur père ou beau père, en faveur d'Etienne, frère d' Antoine et de Jean Claude.

    Voici un petit résumé des épisodes précédents, avec, en prime, un croquis et un N° pour les Etienne et les Antoine , pour, je l'espère, faciliter la compéhension.

    Cession de droits

    Antoine 2, Jean-Claude Paret et Barthélémy Bourget héritent chacun de 3/16 ème de la succession mobilière et immobilière de Etienne 2. Lors du mariage d' Etienne 3 et de Fanny, Etienne 2 a fait don , à titre de préciput, du quart de ses biens à son fils. Celui ci a donc a donc 4/16 + 3/16 des biens.

    Mais souvenons nous qu' Antoine 2 et Etienne 2 avaient hérité chacun de la moitié des biens de Etienne 1 . Finalement, Etienne 3 et Antoine 2 reçoivent tous les deux une jolie part des héritages succcessifs, à peu près le double de la part de Jean-Claude et de feue Marie Louise .

    Cet héritage d' Etienne 2 est bien curieux : traditionnellement, c'est l'ainé des garçons qui est favorisé, or Etienne 3 n'est pas le fils ainé... Comprenne qui peut !

     

    Cession de droits

    Cession de droits

    Les trois cédants transmettent  à Etienne tous les droits, biens, mobilers, immobiliers... etc, qui leur reviennent dans la succession, en échange d' une somme de 4500 francs, remise à chacun d' entre eux. C'est là un bref résumé, le notaire est bien plus précis, et anticipe toutes contestation.

    Voilà donc Etienne propriétaire de tous les biens, pour 13500 francs , soit environ 48000€.

    Petite parenthèse pour la loi du 13 aout 1871 : « cette loi, destinée à dégager de nouvelles ressources financières pour faire face aux conséquences de la défaite de 1870, augmente de manière significative le tarif d'un certain nombre de droits fiscaux. » . Les gouvernements se suivent et se ressemblent pour ponctionner le contribuable.

    Les témoins sont Louis Forge, percepteur et Joseph Billot , commis négociant.

    Cet acte, signé à Maclas, a été enregistré à Pélussin le 26 novembre, et expédié à Etienne.

    Le même jour, une copie de cet acte a été faite par Nigoud .

    Voici les liens, pour consulter la copie : copie1, copie2, copie3, copie4copie5

     

     

     

     


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