-
24/5/1760
Jean Pelissier sergent immatriculé en la juridiction de Maclas, à la requete de François Molle chirurgien de Lupé, cite à comparaitre Etienne Beraud dans 3 jours pour 3 condamnations à payer 38 livres 5 sols de médicaments fournis à feu sa mère. Pour mémoire, Jeanne Mantelin, la mère d'Etienne, est morte en 1755.
Etienne Paret est parfois nommé Beraud. Le nom de Paret était très répandu, le prénom d'Etienne aussi, mais c'est curieux d'avoir choisi comme surnom Beraud, qui était aussi un nom assez courant.
17/8/1761
Etienne est nommé Maitre Etienne Paret dans ce billet signé Chomel , il bénéficie donc d'une certaine notoriété.
7/8/1763
Par devant le notaire royal surnomme et en presence
des temoins apres nommes furent presents jean
pierre perret et antoine plasson laboureurs du lieu
de Limonne paroisse de maclas lesquels volontairement
ont permis la coccession et comme par les presentes
ils permettent et concedent chacun en ce qui les
concerne a Etienne paret meunier du lieu de limonne
cy present et acceptant a laisser le pouvoir et faculte
de faire et construire un ? Un conduit sous terrain
d'une largeur et profondeut convenables au travers de leurs
jardins qu'ils ont situés au lieu de Limonne joignant
le chemin dudit paret du cote de ? Et le chemin du lieu
devent lequel conduit commencera dans le chemin dudit
paret et finira par le jardin dudit plasson pour prendre
par ledit paret l eau qui lui sera necessaire dans le beal de son
moulin pour la conduire dans son pre qui est du cote devent
dudit chemin pour l irrigation ? Lequel conduit il
sera tenu faire et entretenir a perpetuite dans un temps
qu il pourra le moins d' herbage aux jardins et a plus
peu de dommages que faire et pourrez La presente
permission et concession faite par les perret et plasson
audit paret gratuitement et pour l amitie qu ils luy
portent ainsi convenu par promesse obligations
soumissions renonciations et en tant que de besoin
des ?et autres clauses en tel cas requises et
necessaires faite et passé audit maclas maison dudit notaire
L an mil sept cent soixante trois le septieme aout
avant nuit en presence de Jean Gay vigneron dudit
maclas et Louis Choroin fils de Jean Baptiste laboureur
du lieu de Choyé ? Temoins requis et
sous nommes avec ledit paret a la minute dument conseille
Et signature a Boeuf par M Chaporel non ledit perret
ni ledit plasson pour ne pouvoir ainsi qu ils ont declare
de ce enquis et interpelles audit paret expedie
Coppin notaire royal
Voilà un acte convivial, même si le style de Coppin n'est pas des plus limpides, témoin de la bonne entente qui régnait parfois entre voisins.
Après ce document original, les archives dévoilent les habituelles quittances.
7/4/1770
P1040160
Reçu d'Etienne Paret 30 livres pour frais exposés contre lui au maillage de Bourg Argental et arriérage de rente . Signé Fraisse.
Reçu 6 livres comme acompte sous les mêmes références le le 21 avril 1770.
1/7/1770
Quittance pour le paiement par Etienne Paret à Jutier, de 16 livres pour le louage de l'année 1769
Depuis leur mariage, Etienne et Jeanne ont eu neuf enfants, dont beaucoup sont décédés en bas âge.
En 1777, la famille est composée d' Etienne, 18 ans, de Marguerite, 13 ans, de Fleury, 4 ans, et d'une petite Jeanne Marie, née le 5 aout, la benjamine.
votre commentaire -
Les nouveaux mariés, Etienne et Jeanne Fovet, sont vite rattrapés par les « affaires »
Le 6 octobre 1758, un acte intitulé « relache d'immeubles payé par Etienne Paret de Limonne à ses frères et sœurs du dit lieu » fait suite au testament de Jeanne Mantelin, et nous permet de faire plus ample connaissance avec Etienne.
Dans son testament, Jeanne avait stipulé qu' Etienne devait verser une somme d'argent à ses frère et sœurs, à leur majorité. La majorité s'obtenait alors à 25 ans, ou par le mariage. En 1758, Marguerite, la sœur d'Etienne, est majeure, puisqu'elle a épousé deux ans plus tôt Etienne Rivollon. Antoinette, la deuxième sœur a 24 ans, et Claude , le benjamin de la fratrie, 22 ans.
Mais, majeurs ou pas, Marguerite, Antoinette et Claude ont envisagé d' assigner Etienne pour toucher leur part d'héritage. Etienne se révèle alors un fin négociateur. Il reconnaît les droits de ses frère et sœurs et leur fait une proposition, qu'ils acceptent : plutôt que de gaspiller de l'argent en procès, il propose que les deux parties choisissent chacune un expert pour liquider la succession à l'amiable. Les experts sont Jean Choron pour Etienne, et Joseph Ollagnier pour le trio, tous deux de Maclas. Après avoir inventorié tous les biens, les experts concluent que les demandeurs ont droit à 226 livres chacun, et que la régularisation peut se faire par transfert de propriétés. Les terres qui reviennent à Marguerite, Antoinette et Claude sont precisement délimitées et cet accord satisfait toutes les parties.
Quelles conclusions tirer du traitement raisonnable de ce qui aurait pu être un lourd différent ?
La fratrie a l'air plutôt unie, Etienne a su imposer avec diplomatie son projet, les experts, hommes de terrain ont fort bien rempli leur rôle de médiateurs.
L'acte suivant est daté du 29 fevrier 1759
Bonne nouvelle : Antoinette Paret, perdue dans les archives, est retrouvée dans cet acte de vente. Elle n'était pas dans les registres paroissiaux de la Loire, et pour cause elle s'est mariée à Félines, dans l'Ardèche. Ce n'est pas très loin de Limonne, 5 km à vol d'oiseau. Elle a épousé le 20 février 1759 André Blanc. Les époux Paret-Revolon et Paret-Blanc vendent des terres à Laurent Pessonaux laboureur à Lupé.Les terres appartiennent aux épouses, ce sont très certainement celles dont elles ont hérité quelques mois auparavant , suite à la proposition des experts. Les maris ont donné leur autorisation.
Les parcelles vendues sont détaillées, mesurées. Le système métrique n'était pas encore institué, les mesures variaient d'une région à l'autre, voire d'un village à l'autre ! Que représente un « coin de pré » aux Andrivaux du contenu de trois coupées et un quart ? La coupée de Lyon est l'équivalent d' environ 350 m2, la coupée de Saone et Loire un peu plus. Mais, un peu plus loin, une parcelle vendue a une « contenance d' un bichet et d'un quart de coupe ». Le bichet est une mesure de grains, et un bichet de terre est la superficie ensemencée avec un bichet de grains, la valeur du bichet varie bien entendu d'une région à l'autre !
Les protagonistes, habitués à ces mesures, concluent la vente pour une somme de 109 livres, pour le couple Revolon-Paret et 131 livres pour le couple Blanc-Paret. Et, comme le notaire est précis, il rajoute que le montant total est 240 livres. Suit la liste des témoins, qui ont déclaré ne pas savoir signé.
Cette même année, un dernier acte solde la succession. Il est daté du 20 juin 1759.
Marguerite, Antoinette (et leurs maris), Claude reconnaissent avoir reçu chacun 20 livres d' Etienne, leur quote part de ce qui était du par défunt Antoine Rondet, vigneron de la Ribaudy, commune de Chavanay, à Floris Paret. Pour compléter cette histoire de famille, Antoine Rondet était le père de Laurence Rondet, l'épouse de Jean Paret, meunier à Loye et cousin germain de Floris.
L'acte est établi par Coppin, notaire royal. Il solde la succession, mais d'autres documents ne demandent qu'à être dépoussiérés.
votre commentaire -
Etienne, maintenant âgé de 25 ans, est propriétaire du moulin. Comme ses parents, il a la bonne idée de conserver quelques documents, dont celui-ci, daté du 4 aout 1757.
comme je crains que panel huissier
ne vous ayt pas remis le premier
avertissement voyant que vous ne vous etes
point presenté je vous en fait un second
avant de vous faire contraindre pour le
payement des droits de contrôle insinuation
et centieme denier dus pour le testament de
jeanne mantelin votre mere
dont vous etes heritier et si vous ne venés
payer dans les trois jours ou ne donniés des
raisons valables pour en etre dechargé a
deffaut par vous de vous etes presenté quand
meme vous ne deviés rien les frais qui vous seront
fait vous seront exigibles cest le dernier avis
que le controleur de Maclas vous donne le 4
aout 1757. Cotton
L'insinuation, le centieme denier sont des impôts sur les successions.
Douze jours après, le 16 aout, une nouvelle assignation, toujours pour des impôts.
Pas de suite de ces affaires dans les archives.
L'acte chronologique suivant est plus réjouissant pour Etienne, puisqu' il s'agit de son contrat de mariage avec Jeanne Marie Fovet.
votre commentaire -
Jeanne Mantelin se retrouve veuve, à 46 ans, avec cinq jeunes enfants : Marie, 13 ans, Etienne, 11 ans, Marguerite, 10 ans, Antoinette, 9 ans et Claude, 7 ans. Etienne, l'ainé des garçons, héritera du moulin, comme le veut l' usage, Marie épousera un laboureur de Véranne, Marguerite se mariera à Maclas, Claude se mariera et sera laboureur à St Pierre de Boeuf. Quand à Antoinette, pas de traces d'elle dans les registres des villages proches de Maclas.
Jeanne prend la suite de son mari dans la gestion des affaires courantes, et nous avons vu, dans les articles précédents, qu'elle payait scrupuleusement les différentes quittances.
Elle fait tourner le moulin. Nous retrouvons deux témoignages de l'utilisation du moulin pour le pressage des noix: « Jeanne Mantelin a la faculté de presser des noyaux de noix et autres pour une année »
12 /12/1745
30/12/1746
Ainsi, le pressage des noyaux de noix ou autres, est soumis à une déclaration à la ferme générale et à une taxation. La ferme générale encaisse toutes les taxes, les droits de douane, dont ceux perçus aux limites de chaque province...Pour Maclas, le bureau de la ferme du roi est celui de St Julien Molette, et son receveur François Gavault
Photo du pressage des noix dans un moulin du Lot ressemblant probablement à celui de Limonne, malheureusement détruit.
En juin 1747, Jeanne, malade, rédige son testament. C'est une fausse alerte, il lui reste 8 ans à vivre.
4/2/1749
Quittance, adressée à Etienne
J'ai reçu d'Etienne Paret pour le compte de Claude Paret, son frère la somme de 6 livres pour la part du conseil de l'acte que j'ai écrit pour lui sans préjudice de ce qui m'est du par Antoinette paret leur sœur. Dont le quitte à Maclas le 4 février 1749. Coppin.
11/5/1749
Quittance, adressée à Jeanne
« Pierre Dalud vigneron de la Viale et de son autorité Jeanne Gorand sa femme ont reçu de Jeanne Mantelin 70 livres dont elle s'est reconnu débitrice de Jeanne Gorand en son contrat de mariage avec Dalud. »
Jeanne Gorand est la nièce de Jeanne Mantelin (fille de sa sœur Françoise). Elle s'est mariée le 16 aout 1747, et, dans le contrat de mariage, Jeanne Mantelin s'est engagée à verser 70 livres à sa nièce, ou plus exactement à son mari, Pierre Dalud, puisque les femmes dépendaient de leurs maris, à cette époque.
L'acte est signé de Jean Claude Jeury lieutenant du juge de la juridiction ordinaire de la baronnie de Maclas, de Jean Claude Jeury, son fils. Le témoin Montagner, tailleur d' habit ne sait pas signer.
1/10/1755
Quittance, adressée à Jeanne
J'ai reçu de la veuve de floris paret une
poule à compte pour droit d'élevage(?)
qu'elle doit au château du Buisson
sans préjudice d'autres droits. Le 1er octobre 1753
Gombaud ?? le Marquis de Maclas
Est ce que le terme est bien élevage ? Peut être aurez vous une autre proposition pour ce mot pas très lisible. Les seigneurs percevaient bien le droit de paturage, mais rien ne prouve qu' ils s'octroyaient aussi un droit d' élevage.
Quelque soit le droit, Jeanne « doit » au château du Buisson une poule. Ce château, situé à Maclas, lieu dit le Buisson, a presque été entièrement détruit par un incendie en 1831. Du temps de sa splendeur, la baronnie de Maclas étendait son pouvoir sur St Appolinard, Veranne , Roisey. Elle avait droit de haute et basse justice. Les chatelains étaient les marquis Labeau de Bérard.
Le 20 novembre 1755, Jeanne décède. Nous nous interesserons prochainement à l' étude de son testament.
votre commentaire -
Nous allons rester encore un peu avec Floris. Il n'est pas pas un de mes ascendants directs, mais son frère ainé Etienne est un arrière grand parent à la 8ème génération (SOSA 298). De son mariage avec Jeanne Mantelin, douze enfants sont nés, beaucoup vont mourir en bas âge. Etienne est meunier aux Andrivaux, il a hérité du moulin du père, Michel. Pour compléter la présentation de cette famille de meuniers, précisons que le frère de Michel, André, est meunier à Loye.
Les relations entre les deux frères n'ont pas toujours été des plus cordiales, comme en témoigne cette demande d'assignation d' Etienne contre Floris « aux fins de le condamner à payer » 70 livres qu'il lui doit et qu'il « a promis plusieurs fois de lui rendre et payer en présence de gens dignes de foi ». L 'acte a été rédigé le 25 aout 1726 par Jean Jeury.
Apparement, les deux frères ont trouvé un accord, et l'affaire n'a pas de suite, dans les archives du moins.
En novembre 1726, Floris se fait prendre la main dans le sac, en plein braconnage : il est surpris « touillant des grilles sans avoir acquitté les droits ». Il paye le 3 janvier 1727 une amende de 22 livres neuf sols et neuf deniers
En juillet 1736, Floris emprunte de l'argent à Chomier
Fut présent Floris Paret meunier du lieu de
Limonne paroisse de Maclas lequel de son gré
reconnaît et confesse devoir entre autres dettes
à M.pierre Chomier notaire royal et procureur
au baillage de Bourg Argental present et acceptant
la somme de soixante trois livres pour part, laquelle
somme de soixante livres la constatant promet
et s oblige a sa premiere volonte s engage a faire dans
de pleins dommages et ? ? obligations
souscription renonciations de clause requises .fait
et passe a Bourg Argental lieu du notaire royal
Sousigne apres midi le huitieme juillet mille sept cent
trente six present M. Jean Pierre Chomel notaire royal
de la ville d annonay et Sieur Louis Veyre marchand
de Saint Sauveur et des temoins qui ont signe avec
lui. M. Chomier ???
Il reste encore quelques actes de l'époque Floris dans les archives, mais ils sont vraiment difficiles à déchiffrer. Mon frère Guy me conseille de mettre ces actes en ligne et de faire appel aux généalogistes émérites pour les transcrire. C'est une piste. Mais pas dans l'immédiat: je vais continuer ce lent travail de décodage avec d'autres documents, d'autres protagonistes, et je reviendrais vers Floris plus tard.
Nous voici en 1743. Floris rédige son testament : ce sera l'objet du prochain article.
votre commentaire