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Cette lettre est adressée au colonel commandant du 2ème régiment d' artillerie de Valence. Etienne sollicite une permision d ' un mois pour son fils afin « de pouvoir maintenir la culture … et de faire la fenaison qui se prépare pour les premiers jours de juin ». Cette lettre est signée par Etienne, et est écrite par le maire Mousset, qui rajoute un paragraphe d'authentification, tamponné par la mairie. Le fils est prénommé officiellement Antoine Etienne, mais le prénom de la demande est Etienne, sûrement le prénom usuel.
Etienne père, âgé de 64 ans, est à la fois meunier et cultivateur. C' est certainement un homme fatigué, et l' aide de son fils lui fait cruellement défaut. Certes, le plus jeune fils, Louis, est mis à contribution, mais il n'a que 17 ans. Louis a été rajeuni de 2 ans dans le courrier. Malgré la pertinence de ces arguments, il n'est fait mention d'aucune permission dans le registre militaire d' Antoine Etienne
Antoine mesure 1,71 mètres, ce qui est la moyenne pour l'époque.
Son niveau d' instruction est 1,2,3 :
la circulaire du 23 novembre 1872 qui définit les niveaux d'instruction donne :
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0 : ne sait ni lire ni écrire
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1 : sait lire seulement
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2 : sait lire et écrire
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3 : possède une instruction primaire plus développée
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4 : a obtenu le brevet de l’enseignement primaire
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5 : bachelier, licencié, etc. (avec indication de diplôme)
Antoine Etienne a passé deux ans sous les drapaux, de novembre 1889 à novembre 1891. Deux saisons difficiles pour sa famille et, peut être pour lui, aucun courrier personnel rédigé par les Paret n' a été retouvé.
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Nous approchons de la fin de XIX siècle, la vie s'écoule au moulin, avec son lot de prêts, de quittances, de procès.
Cet article s'arrêtera à l'année 1889, car à partir de 1890, le nom de Fanny apparait dans les actes : c' est une révolution des mœurs, qui mérite bien un temps d'arrêt.
10 Aout 1876
Jean Baptiste Rondet du lieu dit le Curtil , à St Appolinard a reçu d'E. Paret 86 F pour la vente d'un châtaigner pour une chaussée du moulin de Limonne.
La chaussée est un barrage, comme on peut le voir sur croquis, extrait d'un site consacré aux moulins http://www.riverainsdefrance.org/uploads/docs/Moulins_a_eau.pdf
27 juin 1880
Jean Caillet de St Appolinard a reçu d'Etienne Paret de Limonne 600F montant d'un billet souscrit il y a environ 7 ans, et égaré. Si le billet est retrouvé, il sera tenu pour nul.
8 janvier 1882
Dans un an Etienne Paret de Limonne payera à Mlle Marie Bourget, sa nièce, propriétaire cultivatrice à Choret (La Chorée), commune de Maclas, 1100 francs qu'il lui emprunte + l 'intérêt au taux annuel de 4,5% l'an.
Marie est la fille de Barthélémy Bourget et de Marie Paret, sœur d' Etienne. Nous avons déjà eu l' occasion de rencontrer Barthélémy Bourget, au cours de la transmission de l'héritage d'Etienne père. Il agissait alors au nom de ses enfants, mineurs. Maintenant, Marie a 24 ans et gère elle même ses affaires.
Année 1887
Patente pour l'exploitation du moulin. La patente est un impôt direct, créé en 1791, remaniée plusieurs fois, avant d' être supprimée et remplacée par la taxe professionnelle en 1975, elle même supprimée et remplacée par la contribution économique territoriale en 2010.
25 mai 1887
Dans un an Etienne Paret de Limonne payera à Joanny Magnard, propriétaire cultivateur à Brossainc (Ardèche), 800 francs qu'il lui emprunte + l’intérêt au taux annuel de 4,5% l'an.
Brossainc est situé à 3 km de Limonne.
23 juillet 1887
5,59 francs à payer au percepteur pour vérification des poids et mesures. Il s'agit surement de la bascule.
Un petit mot, pas très aimable, a été rajouté à la main par le percepteur, visiblement pressé de collecter la somme.
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Après le décès de leur père, Etienne et son frère Antoine vont faire quelques affaires ensemble. Ils n'habitent pas très loin l'un de l'autre : Etienne est à Limonne, Antoine au lieu dit « chez le Buis » .
Le 25 avril 1875, Etienne, qui vient de régler la succession, emprunte 1000F à Antoine, au taux de 4,5 %, qu'il s'engage à rembourser dans un an.
Quelques jours plus tard, le 3 mai 1875, les deux frères signent un acte de vente
Le notaire est Auguste Veyre, celui chez qui a été passé l'acte de cession en 1872, et certainement le fils de Claude Christophe Veyre, le précédent notaire.
Antoine vend 2 prés situés à proximité du moulin : le Pré de la Croix, et le pré du Biel.
Les témoins sont Louis Billot, receveur, et Joseph Billot, commis négociant. L'acte est signé Filliol.
Cet acte me pose un problème : Antoine dit avoir « recueilli » les prés dans la succession de son père décédé. Soit ! Mais dans l'acte de cession du 18 novembre 1872, il cédait tous les biens reçus en héritage à son frère Etienne. Alors, d' où viennent ces prés ? Je n'ai pas la réponse, et je serais soulagée si quelqu'un pouvait élucider ce mystère. Une proposition, malgré tout : Etienne père en aurait fait don à Antoine, pour son mariage, à titre de préciput. Je n'ai pas le contrat de mariage d'Antoine, et il n'aurait aucune raison d'être à Limonne, mais pourquoi pas, les Paret conservaient volontiers quelques actes qui ne les concernaient pas directement. Il reste encore des archives en vrac dans un carton, alors , qui sait ?
5 jours plus tard, le 8 mai, Etienne emprunte encore de l'argent à Antoine.
Ce billet est un copie-coller de celui du 25 avril. Seule le somme a changé : cette fois, Etienne emprunte 2000 francs.
La lecture des actes de ces dernières décennies devient nettement plus aisé : les documents sont rédigés d'une façon très claire, d'une belle écriture, avec des majuscules, de la ponctuation, sans les multiples « ledit », et répétitions des actes d' antan, les témoins savent signer.
La république s'est installée d'une façon pérenne, et parfois cruelle, avec la répression de la commune de Paris.
La société évolue... Les moulins connaissent leur heure de gloire, avec plus de 100000 installés sur tout le territoire. Quelle évolution pour eux, et pour la famille Paret? A suivre...
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Le 15 septembre 1872, Etienne décède, à l'âge de 68 ans. Sa femme, Jeanne Guinot, lui survit 4 ans, et s'éteind à l'âge respectable pour l' époque de 81 ans.
Ils ont eu 6 enfants, mais seuls 3 sont encore en vie :
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Antoine Etienne, né en 1820, et reconnu par Etienne lors de son mariage avec Jeanne, le 23 septembre 1825. Marié avec Marie Rose Gaillard, il est cultivateur propriétaire à Maclas.
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Etienne, né le 26 mars 1826, marié avec Fanny Barge.
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Jean-Claude, né le 26 mai 1831, propriétaire au lieu -dit « Chez Paret », à Veranne.
Leur seule fille, Marie Louise, appelée aussi Louise, est née en 1828, s' est mariée en 1854 avec Barthélémy Bourget, cultivateur propriétaire à Thoré, un lieu-dit de Maclas, et est décédée en 1865.
Etienne et Fanny reprennent l'affaire familiale, et , comme leurs prédécesseurs dans le moulin, garderons de précieux documents qui nous permettent de marcher dans leurs traces.
Le 1er document est daté du 18 novembre 1872, et concerne la succession d'Etienne père, décédé 2 mois avant. Il a été rédigé par Veyre, le notaire de la famille, à Maclas.
Devant le notaire comparaissent Antoine Paret, Jean-Claude Paret, et leur beau frère Barthélémy Bourget, agissant au nom de ses trois enfants mineurs. Ils vont signer un acte de cession de leurs droits à l'héritage de leur père ou beau père, en faveur d'Etienne, frère d' Antoine et de Jean Claude.
Voici un petit résumé des épisodes précédents, avec, en prime, un croquis et un N° pour les Etienne et les Antoine , pour, je l'espère, faciliter la compéhension.
Antoine 2, Jean-Claude Paret et Barthélémy Bourget héritent chacun de 3/16 ème de la succession mobilière et immobilière de Etienne 2. Lors du mariage d' Etienne 3 et de Fanny, Etienne 2 a fait don , à titre de préciput, du quart de ses biens à son fils. Celui ci a donc a donc 4/16 + 3/16 des biens.
Mais souvenons nous qu' Antoine 2 et Etienne 2 avaient hérité chacun de la moitié des biens de Etienne 1 . Finalement, Etienne 3 et Antoine 2 reçoivent tous les deux une jolie part des héritages succcessifs, à peu près le double de la part de Jean-Claude et de feue Marie Louise .
Cet héritage d' Etienne 2 est bien curieux : traditionnellement, c'est l'ainé des garçons qui est favorisé, or Etienne 3 n'est pas le fils ainé... Comprenne qui peut !
Les trois cédants transmettent à Etienne tous les droits, biens, mobilers, immobiliers... etc, qui leur reviennent dans la succession, en échange d' une somme de 4500 francs, remise à chacun d' entre eux. C'est là un bref résumé, le notaire est bien plus précis, et anticipe toutes contestation.
Voilà donc Etienne propriétaire de tous les biens, pour 13500 francs , soit environ 48000€.
Petite parenthèse pour la loi du 13 aout 1871 : « cette loi, destinée à dégager de nouvelles ressources financières pour faire face aux conséquences de la défaite de 1870, augmente de manière significative le tarif d'un certain nombre de droits fiscaux. » . Les gouvernements se suivent et se ressemblent pour ponctionner le contribuable.
Les témoins sont Louis Forge, percepteur et Joseph Billot , commis négociant.
Cet acte, signé à Maclas, a été enregistré à Pélussin le 26 novembre, et expédié à Etienne.
Le même jour, une copie de cet acte a été faite par Nigoud .
Voici les liens, pour consulter la copie : copie1, copie2, copie3, copie4, copie5
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24 Aout 1836
Par devant Jean Etienne Guigal
notaire à la résidence de St Pierre de Boeuf
canton de Pélussin (Loire) en présence de
quatre témoins ci après nommés soussigné
a comparu Antoine
Paret propriétaire , cultivateur, demeurant
au lieu des Andrivaux, commune de Maclas,
lequel malade de corps mais sain d'esprit
et jouissant de toutes ses facultés intellectuelles
ainsi qu'il est apparu au notaire et
témoins, a volontairement par le présente
fait et dicté, en présence des témoins
soussignés, son testament, au dit notaire
soussigné qui l'a écrit en entier
de sa main, toujours en présence des dits témoins
au fur et mesure et tel qu'il lui a
été dicté,ainsi qu'il suit :
Je donne et lègue à Etienne
Paret mon fils , à titre de préciput
et hors part le tiers de tous les biens,
meubles et immeubles que je délaisserais
à mon décès, à la charge par mon
dit fils légataire de payer dans
l'année qui suit mon décès à
Marie Paret, ma fille, la somme
de deux cents francs, qui seront
en plus de sa part dans la réserve
et sont pour lui tenir lieu des intérets qui
lui reviennent pour les biens de Louise Bourrin
sa mère, et dans le cas où elle ne voudrait
se tenir à la dite somme de deux cents francs,
pour exiger intégralement la part des dits
intérets qui lui reviennent, ce leg que je
viens de lui faire ci dessus, sera nul et
regardé comme non avenu.
Je charge encore mon dit fils légataire
de distribuer aux pauvres de la commune
de Maclas , la somme de cinquante
francs, savoir : vingt cinq francs
dans l'année qui suivra mon décès
et vingt cinq francs dans l'année suivante.
Enfin, je charge encore mon dit fils de
faire dire des messes pour le repos de mon
âme pour la somme aussi de cinquante
francs, savoir pour vingt cinq francs
dans l'année de mon décès et pour
vingt cinq francs dans le courant de
l'année suivante.
Je casse et révoque tout autres
testaments que j'ai pu faire précédemment
Lecture faite en entier au dit testateur du dit
testament en présence des témoins
ci après nommés par le notaire qui
l'a écrit .Le dit testateur a déclaré qu'il
contient sa volonté et qu'il persiste.
Dont acte. Fait et passé sur
la commune de maclas au lieu des
Andrivaux dans le domicile susdit
du dit testateur, l'an mil huit cent
trente six et le vingt quatre aout
après midi.
En présence de Claude Christophe
Barthélémy Veyre, notaire honoraire
et propriétaire demeurant au Bourg
et commune de Maclas, de Jean
Mousset, d'André Deperdussin
et de Jean Louis Chardon, ces trois
derniers propriétaires, cultivateurs ,demeurant
tous au lieu dit des Andrivaux
commune de Maclas, témoins français,
majeurs requis,et appelés. Les quatre témoins
ont tous signé avec le dit testateur et
le notaire , après nouvelle lecture faite.
Signé à la minute Antoine Paret,
Veyre, Deperdussin, Mousset, Chardon
et Guigal notaire.
Enregistré à Pélussin le huit.
septembre mille huit cent trente six
? reçu en principal
cinq francs, et pour dixième cinquante
centimes.
Antoine était effectivement bien malade, puisqu'il meurt le 2 septembre, 9 jours après la rédaction de son testament. Son épouse, Louise Bourrin, était morte en 1826.
De ses quatre enfants, deux ont survécu : Etienne, âgé de 32 ans, marié à Jeanne Guinot, et Marie, âgée de 28 ans.
Le code civil prévoit que la totalité du patrimoine du défunt est partagée à parts égales entre les héritiers d'un même ordre et d'un même degré, mais il est possible de favoriser un des héritiers, par un don ou legs à titre de préciput et hors part , ce qui permet à Antoine de favoriser son fils ainé, les traditions sont bien enracinées. Quand à Marie, avant le partage, elle reçoit 200 francs, ou rien, soit la valeur de 2 années de messe et d’aumônes aux pauvres. La trace de Marie se perd , elle n'est plus sur les registres de Maclas. Etienne, lui, a hérité du moulin de Limonne d'un parent éloigné, dont nous suivons les péripéties.
Les témoins sont de vieilles connaissances, maintenant, déjà rencontrés dans des actes précédents : Veyre et Bourette, les notaires de la famille, Jean Mousset, témoin dans l'affaire Claude François, Jean-Louis Chardon, signataire d'un traité relatif au canal Donnet... Sans dévoiler le suite de l'histoire, nous les rencontrerons à nouveau.
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