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Le testament de Floris
Le 19 juin 1743 Floris rédige son testament
Au nom de dieu soit par devant le notaire royal
Soussigné et présent les temoins cy apres nommes. fut present Fleury Paret
meunier du lieu de Limonne, paroisse de maclas, lequel etant dans son lit malade neanmoins
seing de tous ses sens parole memoire et entendement, ainsy qu'il est aparu audit notaire et
temoins, a volontairement fait et dicté son testament nuncupatif et ordonnance de derniere
volonte ainsy que s'en suis. premierement comme bon chretien il a fait le signe de la croix et
recommandé son ame a Dieu , veux la sepulture de son corps dans le cimetiere de l'Eglise de maclas et quand a ses frais funeraires et œuvres pies il s'en raporte et confie a la discretion de son heritiere
fiduciaire cy apres nommée esperant qu'elle y fera son devoir ; Donne et legue ledit testateur et
par droit d'instruction particulière delaisse et resser a Etienne,Claude,marie,marguerite, et
antoinette paret ses enfants et aux posthumes ou posthume dont jeanne mantelin est des
present ou sera cy apres enceinte des œuvres dudit testataire a chacun leurs legitimes legues et droits
a eux payable par ladite heritiere fiduciaire cy apres nommee lorsqu'ils se marieront ou auront
atteind l age de vingt cinq ans . donne et legue le dit testateur et par meme droit d' instruction particuliaire
delaisse et remet a ladite jeanne mantelin, sa femme tous les meubles meublants,or,argent,monnaye,
titres,obligations,danrées,bestiaux,caves,tonaux,bennes,charrues,outils d agriculture et generalement
tout ce qui peut etre reparti .meubles que ledit testateur se trouvera avoir pour en faire
jouir et disposer par sa femme ainsy qu'elle jugera a propos, finalement donne et legue
a tous ses autres parents et pretendants droits sur les dits biens, a chacun d'eux cinq sols
pour tous droits de legitimes et pretensions qu' ils pouraient avoir et pretendre en ses biens
a eux payables lorsqu'ils seront aparu de leur droit, et les exclcu du surplus de
sur lesdits biens, au residu desquels et de tous et un chacun les autres biens du testateur immeubles
qu il nous dessus donné ny legué donnera ni leguera cy apres .Il a fait prié, institué et
nommé de sa propre bouche pour son heritiaire fiducionnaire a savoir ladite jeanne mantelin
sa femme a laquelle il veut et entend tout fer a bien arriver et apppartenir, a sa charge
pour elle de payer et acquitter ses dettes, legues œuvres pies et frais funeraires , de nourrir
et entretenir ses enfants aux depens de son hoirie jusques a ce qu ils seront en etat de
gagner leur vie et de remetre quand bon luy semblera a celui de ses enfants males
nes ou a naitre qu'elle voudra choisir l'entiere hoirie en immeuble dudit testateur
avec ses honneurs et charges et sans qu elle soit tenue d'en rendre aucun compte
a l heritier qu 'elle instituera, et au cas que les enfants males vinsent tous a deceder
en bas age et qu'il ne laisse que des filles, le testateur donne aussi pleine liberte
a sa femme de nommer et instituer pour heritiere celle des susdites filles qu'elle voudra
choisir a condition toujours que les males feront preferez aux femelles et qu'elle ne
sera tenue de rendre aucun compte dont ledit testateur la designe et en fait des a present
pour don et ? du reliquat au cas qu'on voulu luy obliger ou qu'elle y fut tenue de droit
et ou il arriverait aussi que la dite jeanne mantelin vint a deceder sans avoir fait la
dite remise il nommerait pour son heritier universel a savoir ledit Etienne
paret son fils ainé car telle est la derniere volonte dudit testateur. a l'effet de quoy
il sera revoqué et annulé tout autre testament, codicille, donnation, anciennement
qu'il pouvait avoir cy devant fait voulant et entend que le present son dernier
testament soit seul vallable pour tous. le meilleur moyen de droit que le testament
nuncupatif et autre disposition de derniere volonte peuvent et doivent mieux valoir.
fait dicté et passé au lieu de Limonne dans la maison du testateur a luy lu et relu
au devant de son lit , lequel y a persisté le dixneuvieme juin mille sept cent quarante
trois apres midi en presence de Jean Baptiste Chorin laboureur du lieu de Choree,
d' Etienne Tranchand meunier, jacques saignimorte l' ainé ,laboureur ,tous deux du
lieu des andrivaux, de françois Plasson ,andré Chardon et andré dervieu, laboureurs
du lieu de Limonne et tous paroisse de maclas temoins requis ,desquels lesdits
Chorin et Tranchand ont signé non le testateur ny autre temoin
susnommes pour ne le savoir faire comme ils ont dit . ?somme suivant
l'ordonnance signé a la minute chorin tranchand et jeury notaire Royal
Controle a maclas le premier avril mil sept cent cinquante huit ?
Ledit jour reçu cinquante quatre livres signe Cotton
Expedie à l heritier par moy soussigné
Jeury notaire royal
La tournure des phrases est assez déroutante... En résumé, Floris désigne sa femme, Jeanne Mantelin, comme légataire universelle. Elle aura le charge de choisir, parmi ses enfants, le légataire universel, de sexe masculin si possible, féminin si tous les « enfants mâles » sont décédés. Si Jeanne n' a pas nommé d' héritier, Floris désigne Etienne, l'ainé des garçons, comme le veut l' usage.
Jeanne, respectueuse des traditions, désignera Etienne lorsqu'elle rédigera son testament, quelques années plus tard, en 1747.
Flores décède le lendemain de la rédaction de l'acte. Il est âgé d'environ 46 ans. De ses 12 enfants, 5 sont encore en vie : Marie, 13 ans, Etienne, 11 ans, Marguerite, 10 ans, Antoinette, 9 ans et Claude, 7 ans.
Nos lointains cousins vont se marier et rester dans la région : Marie avec Claude Tranchand, laboureur, en 1752, Marguerite, avec Etienne Révolon , drapier en 1756, Antoinette avec André Blanc, vigneron, en1759, Claude avec Marie Paret en 1765. Claude est domestique, vigneron et n'a pas de lien de parenté avec Marie Paret, son épouse. Quand à Etienne, il va hériter du moulin, et ce sera lui le personnage principal des articles suivants.
Cet acte n'est pas l' original, mais une copie, datée du 1er avril 1758. Comme Etienne se marie peu de temps après, le 15 avril, le notaire lui a certainement remis cette copie lorsqu'il a préparé le contrat de mariage.
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Commentaires
au XVIIIème siècle, l'égalité homme/femme n'était pas vraiment à l'ordre du jour...