Pierre Roulait, garnisaire

 

Dans un article antérieur, nous avons vu qu' un garnisaire menaçait de s' installer chez Etienne Paret pour percevoir des impôts impayés dans les délais impartis : garnison collective. Cet acte datait de 1838.

La fonction de garnisaire s' apparentant à celle de pique assiette, qui pouvait avoir envie d ' exercer un tel métier ?

Une nouvelle recherche dans les archives a permis d' exhumer un acte signé par un garnisaire, et , peut être, d' apporter un éclairage sur la personnalité de ces redoutables individus.

Ce document, daté du 30 novembre 1797, est signé Pierre Roulait. Il s'adresse à Etienne Paret, lointain cousin d' Etienne victime de la mise en demeure de 1838. Le non paiement de l'impôt semble héréditaire, chez les Paret.

Ce Pierre Roulait n' est pas un inconnu : il habite à Goely, un lieu dit de Maclas, et connait les Paret . Un cousin d' Etienne était témoin de la naissance de Pierre Roulait, à Goely, le 9 juillet 1750.

Fils de vigneron, Roulait a apparement renoncé à cette noble profession, et a été nommé garnisaire.

Il a 47 ans, lorsqu'il menace de s' imposer au domicile d' Etienne.

Son acte de mariage est demeuré introuvable à ce jour, et sa profession n'est pas indiquée dans son acte de décès du 4 aout 1827, à Goely. A t' il fait cette fonction peu enviable toute sa vie ? Est-il revenu au métier de ses ancêtres ?

Il est mort à 77 ans, veuf de Julienne, décédée un an plus tôt, à 78 ans, à Goely.

 

Vente Jullien

14 janvier 1796 , acte de vente

Par devant le notaire soussigné et en présence

des témoins ci après nommés

est comparu le citoyen Antoine

Jullien propriétaire demeurant à Veranne

lequel volontairement tant en son nom qu'en

qualité d' acquéreur du citoyen Jacques Mathon

vend, cède, quitte, remet et transporte purement

simplement et irrévocablement avec promesse d'en

maintenir garantie et faire jouir en paix envers

et contre tous tant au pétitoire qu'au  possessoire

À Etienne Paret cultivateur demeurant à Limonne

commune de Maclas, ici présent et acceptant , un coin

de pré situé au territoire dudit Limonne de contenance

d'environ sept coupées, en travers duquel coule le

ruisseau de Saint Sabin à Limony, ce qui fait que ledit

pré vendu est partagé en deux parties : celle du côté

de matin et midi ayant quelques tronches vernes

comptantes joignant le dit pré vendu dans sa totalité

de matin terre et pré de Louis Chorein, le lit ancien

dudit ruisseau entre deux, de midi pré dudit

Chorein, et pré de l'acquéreur, de soir le beal du

moulin dudit acquéreur, et de bise pré d' Etienne

Revollon, et de l'autre côté du ruisseau pré et

tronches vernes dudit Revollon, sauf dudit pré

vernes les autre plus vrais et meilleurs  confins

 

Cet acte notarié atteste la vente d' un terrain d' Antoine Jullien à Etienne Paret.

Pour commencer, le notaire note les limites du pré, à l' aide de plusieurs critères : l'orientation par rapport au soleil, le nom des propriétaires des prés voisins ou quelques particularités du terrain, comme les tronches vernes (troncs d'aulnes, arbustes des zones humides). Si son emplacement exact était évident pour les signataires de l' acte, il l' est moins pour les lecteurs du XXIème siècle. Sans prendre de risques, on peut situer ce pré près du ruisseau, non loin du moulin d' Etienne.

 

 

Le pré ainsi délimité, le notaire passe aux conditions de vente, et au prix, 1000 francs, payés cash.

Cet acte est signé à Bourg Argental, dans la demeure de la Veuve Jerry, en présence de Chana et Blanc, tous deux bien connus d' Etienne, leurs noms revenant régulièrement dans plusieurs actes. La signature de Chana, le percepteur, est apparue sur plusieurs quittances des impôts et, cas plus délicat, sur une mise en demeure de payer. Blanc, voiturier, est un témoin régulier, et, parfois créancier d' Etienne. Le rédacteur de l'acte, Bourette, est le notaire de la famille Paret.

 

 

 

2 septembre 1793

 

Liberté une et indivisible

Nous soussigné ? Officiers municipaux de

la commune de Maclas chef lieu du canton, district

de St Etienne, département de Rhône et Loire

certifions que le citoyen Etienne Paret natif de

cette commune , âgé de trente deux ans, taille

de cinq pieds, six pouces et demi, cheveux et

sourcils châtain, yeux gris, nez effilé, bouche

moyenne, menton rond, visage ovale, et barbe

rousse , lequel jouit dans cette commune de la

réputation  d'être un honnête éleveur, nous

déclare vouloir voyager dans l'étendue de

ce département , et les autres départements

voisins , en qualité de marchent de bêtes

à cornes, et mouton , aux fins de quoi lui avons

délivré le présent pour lui servir et valoir

ce que de raison. Fait dans la chambre

commune à Maclas, ce deux septembre 1793

Le second de la République française

Jutie maire Choron officier Jury officier

 

 

Cet Etienne Paret se présente pour la première fois dans les papiers des archives. Il est né aux Andrivaux, un hameau de Maclas, fils d' Antoinette Chanal et d' Antoine Paret. En 1792, il a 32 ans, ainsi que le mentionne le document, est marié depuis 11 ans avec Marie Sagnimorte et est père de six enfants. Il a deux sœurs et un frère. Son père est meunier, mais les revenus du moulin sont insuffisants pour subvenir aux besoins d' une famille aussi nombreuse. Etienne, devenu éleveur, a obtenu ce « certificat de bonne conduite » pour exercer sa profession extra muros. Lorsque Antoine, son père, décédera en 1798, Etienne prendra sa succession et il restera meunier jusqu' à sa mort, en 1829, métier mentionné sur son acte de décès. Son fils, Etienne, lui succédera au moulin des Andrivaux. Le fils de son jeune frère Antoine, cultivateur, deviendra propriétaire du moulin de Limonne... emmenant avec lui quelques papiers, pour le plus grand bonheur des générations futures.

22 aout 1791

 

Nous soussigne savoir jean

moucet de la braugnary et

estienne paret de limone

meme paroisse savoir que ledit

moucet donne une fenetre

barree et qu'elle y est aux depants

dudit et un auvent du

couvers d'un pied trois pouces

et les autres ? barre

en bois et moi estienne

paret promet que ledit

moucet fera un mur de

cinq pieds de hauteur joignant

le battand d'une porte, le

tout sans nous déranger d'autre

aisance savoir ledit mur

depassera de quatorze pouces

et promettont si besoin en

est dont passe un acte

ce 22 aout mille sept cent

noinante un j'approuve ce

que desssus jean mousset

j'approuve ce que dessus

paret

 

 

Ce court document conclut un accord entre voisins .

Son principal intérêt est d' être un acte manuscrit d' Etienne Paret. Même si mon lien de parenté avec Etienne est lointain, ( descendante à la 7e génération d'une cousine d' Etienne Paret), c' était émouvant d'avoir en mains ce document, avec cette écriture un peu maladroite, ces fautes d' orthographe.

 

 

 

L'an mil sept cent cinquante quatre, le dix huitième fevrier après midi, je, Etienne Blain sergent

? en la juridiction ordinaire de Virieu et en celle de Malleval et Maclas, résidant à Pélussin,

Soussigné, certifie qu' à la requête d' Antoinette Chalan Veuve Ricoud et de Philippe Verdellet

fille de ladite Ricoud habitante au lieu et Parret de Pélussin , de Jean Baptiste Verdellet drapier

et de Mathieu Ricoud boucher tous demeurant audit Pélussin, qui font élection de domicile en leur

maison audit lieu et en tant que de besoin en celle de Mr. Jean Pierre Coppin notaire à Maclas

…............. à Mr Mathivet, curé dudit Maclas , que les susnommés forment

opposition à ce qu'il délivre les certificats de publication et de promesse d'Etienne Revolon, drapier

demeurant à Malleval pour son second mariage, et à ce que le bénediction nuptiale lui soit impartie

Par les raisons qu'ils deduiront en temps et lieu afin que ledit Mr Mathivet ait à refuser les dits

certificats et bénédiction nuptiale audit Revolon sous peine  d'encourir les peines passées par les ordonnances et de la nullité dudit mariage. Et afin que ledit Messire Mathivet n'en ignore, je lui ai

laissé et donné la présente copie en partant a sa paroisse trouvée audit Maclas dans la maison curiale dudit lieu ou je me suis exprès transporté.

 

 

L' huissier Blain se « transporte exprès » dans la maison curiale pour remettre au curé Mathivet un acte d' opposition au second mariage d' Etienne Revolon. L' homme d' église est certainement troublé par l' interdiction qui lui est faite de publier les bans et de procéder au mariage, ce type de demande étant extrêmement rare, et le motif de l' opposition inconnu.

La bigamie est une cause d'opposition à écarter, Etienne est veuf. Il a épousé, le 26 juillet 1746, Jeanne Verdellet, à Pélussin où il est drapier. De cette union est né Antoine, le 22 avril 1747, qui ne vivra que quelques jours. Le couple s' installe à Malleval où Philippe vient au monde, le 31 aout 1749. Sa mère, Jeanne, meurt dix jours après.

Après 5 ans de veuvage, Etienne a l'intention de se remarier, mais sa belle famille s'oppose à ce projet.

La première citée dans l'acte est Antoinette Chalan, Veuve Ricoud. Antoinette est aussi la veuve de Claude Verdellet, maitre drapier à Pélussin, avec qui elle a eu plusieurs enfants, dont Jean Baptiste, en 1717, Philippine(ou Philippe) en 1721, et Jeanne en 1725 .

Claude meurt en 1729. Antoinette se remarie avec Mathieu Ricoud, et Mathieu fils nait en 1731.

Le projet de remariage d' Etienne Revolon se heurte à sa belle mère, Antoinette Chalan, à sa belle sœur Philippe Verdellet, à ses beaux frères Jean Baptiste Verdellet et Mathieu Ricoud. Les relations semblaient pourtant normales : Philippe et Jean Baptiste ont été marraine et parrain des enfants d' Etienne et Jeanne, Etienne est témoin de Mathieu pour son mariage en 1753

L' huissier Blain n' est pas d'un grand secours dans l 'étude de cet acte : non seulement il ne spécifie pas le motif de l'opposition au mariage, mais il omet le nom de la future épousée, laissant libre court à toutes les hypothèses .

Deux ans après ce facheux contretemps , Etienne Revolon parviendra enfin à se marrier avec Marguerite Paret. Etait-elle l' heureuse (ou malheureuse) élue du projet de 1754 ? Probablement, puisque l'acte a été retrouvé dans les archives Paret. Quand au motif de l'opposition...

Etienne Revolon épouse donc Marguerite le 20 janvier 1756, et , sans perdre de temps, ils ont un premier enfant, Etienne, le 27 octobre de la même année. D' autres enfants suivront. Etienne meurt en 1800, agé de 80 ans, Marguerite meurt à 80 ans également, en 1812.

 

Les recherches sur la belle famille d' Etienne résument quelques unes  des difficultés auxquelles les généalogistes se trouvent parfois confrontées: la belle mère et son double mariage, la fille et son double prénom, le fils et son double nom : Mathieu Ricoud devient Mathieu Ric après son mariage.

 

 

En complément, quelques références biographiques, pour les lecteurs désireux de faire plus ample connaissance avec les personnages de cette aventure.

Les informations proviennent des Archives départementales ,de Généagier et de généanet

 

Etienne Revolon 

Né vers 1720

-Mariage à Pélussin avec Jeanne Verdellet le 26 Juillet 1746 . AD Vue 67/87 

Fils de défunt Joseph Revolon et d'Elisabeth Chaume. 

Témoins : Claude Perisset, Claude Revolon de Bessay, Hugues Carras, Jean Baptiste Verdellet.

-Mariage à Maclas avec Marguerite Paret le 20 janvier 1756. AD Vue 103/104

Fils de défunts Joseph Revollon et d' Elisabeth Chome. Curé Mathivet

Témoins : Gabriel Revollon , frère de l' époux , Etienne Paret, frère de l'épouse

-Décès le 14 décembre 1800 (23 frimaire an 3) à l'age d' environ 80 ans, à Malleval .

Témoin : son fils Pierre.

 

 

Jeanne Verdelet, 

-Mariage à Pélussin : fille de Claude Verdellet, drapier et Antoinette Chalan.AD Vue 67/87 

-Enfants  :

Antoine, né le 22 avril 1747 à Pélussin. Parrains : Antoine Martin et Philippa Verdellet.

Antoine, décédé le 25 avril 1747 à Pélussin. Témoin Jean Baptiste Verdellet

Philippe, née le 31 aout 1749 à Malleval. Parrain : Gabriel Révolon de Boeuf, marraine : Philippe Verdelet, de Pélussin AD Vue104/136

-décédée le 10 septembre 1749 à Malleval. AD Vue 104/136

Témoins : Gabriel Révolon et Joseph Borne

 

Marguerite Paret

-Née le 4 juillet 1733 – Limonne Maclas AD Vue 83

-Enfants d'Etienne et Marguerite , nés à Malleval

Etienne (27octobre 1756), Pierre (13 juillet 1758), Jeanne Marie (21 aout 1762), Claude (2 mars 1766).

-Décès le 24 juillet 1812, Veuve d'Etienne Revolon. Agée de 80 ans.Malleval AD Vue 93/117 

 

Antoinette Chalan, veuve Verdellet, puis Ricoud (1683-1759)

-Fille de Jean Chalan et Rose Verdelet, mariés le 14 janvier 1676

-Née le 27 octobre 1683 à Pélussin

-Mariage avec Claude Verdellet

-Enfants :

4 juillet 1717 Naissance Jean Baptiste 

9 4 21 decès Jean Antoine 2 ans

28 12 1721 Naissance Philippine AD Vue 64

3 10 1721 decès Antoinette 15 mois, née le 23 8 1720

6 9 1724, décès de Antoine , né le 13 9 1723 

21 2 28 deces Marie 7 mois

-Claude Verdellet : Décès le 27 mai 1729, Pélussin AD Vue 53/91

-Mariage avec Mathieu Ricoud

-1731 : naissance Mathieu Ricoud

-Décès Antoinette le 16 janvier 1759, à 70 ans à Pélussin, témoin : Mathieu Ric AD Vue 74

 

 

Philippe Verdellet

mariage le 22 11 1768 avec Laurent Eustache Pélussin AD vue 21/35

 

Jean Baptiste Verdellet drapier, 

-né le 4 juillet 1717 à Pélussin, 

-Mariage le 3 septembre 1754, avec Jeanne Arnoud à Sainte Paule, Rhône AD 230 GG2

-Décès le 28 juin 1783 à Pélussin

 

Mathieu Ricoud boucher

-Mariage le 12 février 1753 à Pélussin, 22 ans, fils d'Antoinette Chalan et de Mathieu Ricoud. Epouse : Antoinette Dupré. Témoins: Jean Baptiste Verdelet, Etienne Revolon.

Dans tous les actes suivants, le nom devient Ric.